Au cours du Chapitre général de janvier 1971 à Méry-sur-Oise, la communauté demande à l’Ordre dominicain de prendre son autonomie canonique. Le Provincial de France, le Père Kopf, donne son plein accord le 23 février 1971. Un nouveau chemin s’ouvre pour la communauté qui poursuit ses recherches vers les sources monastiques primitives. Au cours de ce chapitre, Monseigneur Bontems autorise que la liturgie soit enrichie de textes liturgiques anciens et de mélodies puisées dans les traditions de l’Orient chrétien.
À l’appel de certains évêques de France, ou hors de France, de nouvelles fondations s’ouvrent. La Famille monastique de Bethléem s’internationalise progressivement et sœur Marie accompagne les jeunes communautés.
De 1967 à 1998, 24 monastères sont fondés : 14 en France et 10 hors de France
En France, la fondation des Montsvoirons (Haute-Savoie ; France) en 1967 permet d’ouvrir des relations d’amitié avec d’autres confessions chrétiennes grâce à la proximité du Conseil œcuménique des Églises dont le siège se trouve près de Genève en Suisse.
Dès 1961, des relations fraternelles se tissent avec les sœurs évangéliques de Grandchamp, les sœurs de Pomeyrol, les
Diaconesses de Reuilly.
Sœur Marie rencontre le Patriarche Athénagoras à Genève le 7 octobre 1967, puis à nouveau au Phanar (Istanbul ; Turquie) en 1968.
Elle visite
le Père Makris Amphylochios – canonisé par l’Église de Constantinople en 2018 – higoumène du Monastère
Saint-Jean-le-Théologien à Patmos (Grèce) en 1969. Les sœurs de Bethléem ont eu plusieurs fois l’occasion d’accueillir et d’échanger avec le
disciple de saint Silouane, le staretz Sophrony – canonisé en 2019 par l’église orthodoxe – entre 1973 et 1982.
Les liens d’amitié et d’échanges spirituels avec nos frères d’autres confessions se poursuivent jusqu’à aujourd’hui.
La communauté du Kinderalm (du diocèse de Salzburg en Autriche) a accueilli les 21 février 2021 et 19 février 2022 le patriarche de Constantinople Bartholomeos.
En 2023, le monastère des Montvoirons, près de Genève reçoit la visite de Monseigneur Amba Louka, évêque de l’église copte de Genève et du sud de la France.
La Famille monastique de Bethléem, de l’Assomption de la Vierge, et de saint Bruno est reconnue de droit pontifical par
décret du 6 octobre 1998. Le document précise que « les moines et les moniales constituent ensemble dans l’Église une
unique Famille monastique, en deux branches distinctes d’un même Institut religieux. »
Pour consulter le texte intégral du décret d’érection pontifical, cliquer ici
Par cette reconnaissance de l’Église universelle, les moines et les moniales
« relèvent directement et exclusivement du Siège apostolique pour leur gouvernement interne et leur discipline »
(Source : Code de Droit canonique, canon 593).
À cette occasion, le pape Jean Paul II approuve la Règle de vie ad experimentum pour 10 ans.
Le 27 septembre 1999, sœur Marie rejoint la Maison du Père. Le 21 novembre 1999, sœur Isabelle, prieure du Monastère de Bet Gemal en Terre Sainte, est élue par le Chapitre général extraordinaire pour lui succéde. Le monastère de Bet Gemal en Terre Sainte est autorisé par Rome à devenir la Maison Mère des moniales de Bethléem.
Fin 2014, une visite apostolique est engagée par le Dicastère pour les Instituts de Vie consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique. Deux visiteurs sont nommés par Rome : Mère Geneviève Barrière, abbesse émérite de l’Abbaye bénédictine de Jouarre (Seine-et-Marne ; France) et le Père Jean Quris, délégué épiscopal à la vie consacrée dans le diocèse d’Angers (Maine-et-Loire ; France).
À l’issue de la visite qui s’est déroulée en 2015 et en 2016, les deux branches des moines et des moniales reçoivent l’estime
de la Congrégation des religieux pour le charisme de Bethléem : l’Institut est encouragé à persévérer dans cette vie
monastique sourcée à l’Orient et à l’Occident. Plusieurs dysfonctionnements sont pointés par l’autorité romaine. Il est
demandé que le service de l’autorité soit exercé avec davantage de collégialité, que soit donnée aux sœurs une véritable
participation aux décisions dans chaque communauté et qu’une plus grande attention au discernement des vocations soit
accordée au cours des étapes de la formation initiale.
Il est aussi requis un milieu communautaire plus ouvert à l’accompagnement et à l’aide extérieurs, un plus grand respect
de la liberté de conscience et de parole. Le texte des Constitutions doit également être renouvelé.
Le 22 février 2017, sœur Emmanuel est nommée Prieure générale des moniales par le Dicastère pour la Vie Consacrée jusqu’au prochain Chapitre général électif qui élira la Prieure générale et votera les futures Constitutions. Un Conseil permanent de six sœurs nommées par ce même Dicastère l’aide dans ce service : sœur Amena, sœur Beata, sœur Paola, sœur Marta et sœur Mia. À ce Conseil participent deux assistants apostoliques, eux aussi nommés par le Dicastère : Père Jean Quris et Mère Geneviève Barrière, o.s.b.. Le monastère Notre-Dame du Saint-Désert dans le Diocèse de Grenoble (Saint-Laurent-du-Pont, Isère ; France) devient la Maison-Mère des moniales.
En janvier 2021, une cellule d’écoute indépendante a été mise en place par le Conseil Permanent des moniales pour l’accueil et l’écoute des personnes qui ont été blessées par des membres de la Famille monastique de Bethléem et prendre en compte les plaintes selon les exigences de la vérité et de la justice.
À l’issue de la visite apostolique, un travail synodal de réflexion et de rédaction des Constitutions débute. Il associe toutes
les moniales engagées définitivement par la profession perpétuelle dans la Famille de Bethléem.
Les différents chapitres des Constitutions – charisme ; consécration monastique ; Famille (commun avec les frères) ;
solitude et communion ; formation ; service de l’autorité ; gestion – ont fait l’objet d’une première rédaction effectuée par
des Commissions constituées pour ce travail.
Les textes proposés ont été ensuite relus et amendés par les assemblées des sœurs professes perpétuelles des différents
monastères locaux. Plusieurs va-et-vient entre l’équipe de rédaction, le Conseil permanent et les communautés ont permis
d’achever la rédaction d’un texte de 90 pages. Ce travail de collaboration intense entre tous les membres de la Famille a
initié un nouvel élan de construction du Corps communautaire et de la Famille dans son ensemble.
Le 16 mars 2021, le Pape François répond à une lettre de sœur Emmanuel à l’occasion du 70e anniversaire de la fondation de la Famille monastique : « Je suis heureux que cet événement coïncide avec la révision de vos Constitutions, marquant un beau renouveau de la charité et de la communion, dans la fidélité au charisme fondateur ».
En novembre 2021, le texte des Constitutions est voté, paragraphe par paragraphe, au cours du Chapitre général extraordinaire.
Le 7 janvier 2022, le texte des Constitutions est déposé à Rome au Dicastère pour la vie consacrée (C.I.V.C.S.V.A.), et soumis à son approbation.
Le 7 juin 2022, le Dicastère répond en la personne de Monseigneur Carballo, archevêque secrétaire du Dicastère. Un écho
très positif du travail effectué est transmis aux moniales. Ces Constitutions peuvent servir de référence aux moniales de
Bethléem pour les trois années à venir.
Cependant, un travail de discernement et de synthèse reste encore à accomplir pour mieux faire ressortir les arrêtes
canoniques du texte (son aspect juridique). Pour leur part, les dimensions théologiques et spirituelles sont plutôt à intégrer
à d’autres textes du droit propre comme les directoires, les coutumiers. La formule de l’engagement monastique, en
outre, doit être simplifiée.
L’année 2023, est consacrée à ces ajustements en vue de soumettre le texte retravaillé à Rome au cours de l’année 2024. Ces Constitutions sont le texte de référence canonique des moniales. Les Règles de vie antérieures (Règle de vie 1986, Règle de vie 1998 font partie de l’héritage de la Famille monastique et de ses sources).
Le 22 novembre 2021, à la fin de leur chapitre général extraordinaire, les soixante-dix sœurs capitulantes (prieures et
déléguées élues par leurs communautés) ont élaboré et signé une Déclaration finale : “Au cours du Chapitre, nous avons
eu l’occasion, à plusieurs reprises, de reconnaître nos fautes et d’exprimer notre repentir à travers notre prière au Dieu de
Miséricorde.… Nous demandons humblement pardon à toutes les personnes qui ont souffert à cause de nous”.
Pour consulter le texte intégral cliquer ici
Le 5 novembre 2022, à la fin de leur Conseil, les prieures ont signé un communiqué dans lequel elles partagent les avancées opérées dans la dynamique du Chapitre général de 2021 et des préconisations de la cellule d’écoute. Elles portent principalement sur la mise en oeuvre des Constitutions, la formation des prieures et des sœurs formatrices, et les visites canoniques (Pour consulter le texte intégral cliquer ici)
Tout un travail d’étude des textes sources (catéchèses de sœur Marie, textes historiques, articles, lettres) a débuté dans l’élan
de plusieurs rencontres à Rome ainsi qu’au monastère Notre-Dame du Saint-Désert avec le père Ciardi O.M.I..
Théologien de la vie religieuse, le père Ciardi enseigne à l’Institut de théologie de la vie consacrée claretianum à Rome.
Il intervient aussi dans
d’autres universités romaines, et est consulteur au Dicastère de la Vie consacrée. Passionné par l’étude du développement des
charismes de communautés dans l’Église, à l’école de l’Esprit Saint, il nous aide dans nos travaux à partir des archives que nous
possédons.
Cette nouvelle étape d’appropriation personnelle de nos textes anime chaque communauté dans son élan spirituel.
Depuis janvier 2022, dix-sept des vingt-huit communautés ont été visitées. Les visites canoniques effectuées en chacun de nos
monastères entre deux chapitres généraux, sont vécues dans une dynamique d’échange et de réflexion synodale à l’écoute de la
communauté visitée.
Les sœurs de la communauté sont amenées à cheminer ensemble avec leur prieure dans la construction du corps
communautaire. En cela, une ‘nouvelle culture’ d’écoute de l’Esprit Saint ensemble, dans l’apprentissage du dialogue et de la
communion fraternelle, est initiée.
Les deux visiteuses, envoyées par la Prieure générale et son Conseil permanent, accompagnent la communauté par plusieurs
rencontres successives avant et après la visite canonique.
Seize communautés ont été amenées à choisir une nouvelle responsable selon notre droit propre, soit en élisant une prieure,
soit en demandant la nomination d’une “vicaire in capite” (équivalente à la prieure administratrice dans l’ordre bénédictin)
pour un temps qui peut aller jusqu’au chapitre général.
Ce renouvellement nécessite un accompagnement proche de la part des sœurs du Conseil permanent et des visiteuses.
Une formation ouverte, sollicitant des intervenants variés, extérieurs à la communauté, continue d’être effective dans les
différentes communautés.
Pour les responsables (prieures et formatrices), il s’agit principalement d’une formation à la relation, au service de l’autorité et
à l’accompagnement. Les sœurs participent à certaines formations proposées dans leur pays : université de Pampelune en
Espagne ; université de Córdoba en Argentine ; formation Talenthéo, formation à l’Institut Notre-Dame de Vie en France.
Les prieures et leurs vicaires sont réunies une fois par mois environ pour une après-midi de formation en visio-conférence. De
nombreux sujets sont abordés : la synodalité avec sœur Nathalie Becquart, l’interculturalité (sœur Estelle de la communauté du
Chemin neuf), le service de l’autorité (Dom Guillaume Jedrzeczak), le combat spirituel et l’obéissance (Monseigneur Arsenios
Kardamakis).
Le père Sintobin s.j., donne une formation ignatienne ouverte à toutes.
En ce qui concerne la formation initiale et la formation permanente : une équipe de sœurs travaille à la rédaction de la Ratio
studiorum et de la Ratio formationis à la demande du Dicastère pour la Vie Consacrée.
Ce texte repose sur une longue réflexion au sujet de la formation dans notre Famille monastique, en collaboration avec plusieurs
formateurs engagés dans d’autres communautés religieuses. Il est maintenant actualisé et ajusté aux exigences des nouvelles
générations.
Archives
Un nouveau bâtiment a été construit au monastère Notre-Dame du Saint-Désert, Maison Mère des moniales, pour recueillir les
archives. Conçu selon les normes de conservation des documents, il recueille l’ensemble des archives de notre Famille
monastique. Une équipe de sœurs, aidée par une professionnelle et formée à ce service, organise ce lieu et travaille sur les
différents documents selon les nécessités de la vie de la Famille monastique.
Une commission liturgique a été créée autour de différentes équipes responsables de l’édition des livres liturgiques, du chant
et de la formation.
Un groupe de jeunes sœurs de différentes langues se retrouve régulièrement afin de travailler à l’unification des mélodies de
notre liturgie. Elles sont puisées aux différentes sources musicales des liturgies monastiques d’Orient et d’Occident. Quelques
sœurs ont participé en 2022 et 2023 à des sessions animées par un professeur de chant grégorien suisse à l’Abbaye bénédictine
de Notre-Dame de Vénière (France) et l’Abbaye cistercienne de la Maigrauge à Fribourg en Suisse.
D’autres sœurs se forment à la liturgie en suivant des cours à l’Institut Supérieur de Liturgie de l’Institut Catholique de Paris et
à l’Institut Saint-Serge à Paris, à l’Institut Saint Éphrem en Autriche et en Espagne.
L’artisanat
Trois ateliers de fabrication de statues en dolomie travaillent en étroite collaboration et poursuivent leur développement dans
nos monastères de Mougères en France, Merlo en Argentine et Santa Maria Reina au Chili. Après Paris, Lourdes en France, et
Fatima au Portugal, un nouveau magasin d’artisanat monastique de Bethléem s’est ouvert à Buenos Aires en Argentine.
L’artisanat est pour nous l’occasion de témoigner en silence de la grandeur et de la beauté de Dieu. Les icônes, les statues sont
autant d’objets d’art sacré qui soutiennent la prière du peuple chrétien.
Le Conseil des prieures
Un conseil réunit les prieures de tous les monastères des sœurs chaque année pour trois semaines d’échanges, de travaux, de
retraite et de formation. Il se réunit du 25 septembre au 16 octobre 2023 au monastère du Notre-Dame du Saint-Désert (Isère ; France).
Les liens de communion familiale se
renforcent dans la diversité des différentes cultures des pays dans lesquels les monastères sont implantés.